La colère est une énergie disponible et constructive.
Bonjour les Lucioles !
Aujourd'hui je vous ai trouvé un super article qui va nous rabibocher avec la colère.
Comme rien n'arrive par hasard, étant moi-même en train de travailler sur ma colère, ou plutôt, sur ma "non-colère", voilà de quoi me mettre du grain sous la dent !
Et vous ça vous parle ?
Pour voir l'article sur son site d'origine, c'est par là : REZOZEN
Texte : Myriam Morisseau Lors de sa première venue en France, Arun Gandhi a donné une conférence au Grand Rex, nous y étions. Nous vous livrons l’essentiel de ses propos, les messages et anecdotes de son enfance vécue auprès du Mahatma Gandhi, son Grand-Père. Sans détour et d’un ton solennel, sa première phrase a résonné comme une déclaration : « L’étendue de la violence est choquante, elle a pris des proportions inhumaines et nous devons maintenant penser à d’autres manières de résoudre les conflits sans utiliser la violence. On a plus que jamais besoin de paix. » Aujourd’hui, les experts disent que plus de 85% des cas de violence dans nos vies personnelles et dans l’histoire de la nation, proviennent de la colère. En effet, quand on est en colère, on explose, on fait des choses, on dit des choses qui peuvent véritablement changer le cours de nos vies. Apprendre de la colère, apprendre à utiliser cette énergie de façon constructive est capital. « La non-violence ce n’est pas seulement une veste qu’on décide de porter et d’enlever quand on veut, cela doit devenir notre mode de vie. » Appendre de la colère, apprendre comment utiliser cette énergie constructive a été la pierre angulaire de toute la philosophie de Mahatma Gandhi. « Quand j’avais 10 ans en Afrique du Sud, j’ai été battu par des jeunes blancs pour la raison que j’étais trop noir, puis quelques mois plus tard par des jeunes noirs pour la raison que j’étais trop blanc. A l’époque je ne savais rien encore sur la non-violence et ma réaction naturelle était d’être en colère. Je voulais grandir, je voulais être fort, je voulais avoir ma revanche. C’est à ce moment-là que mes parents ont décidé qu’il était temps pour moi d’aller en Inde vivre avec mon Grand-Père et apprendre quelques techniques de non–violence. La première leçon qu’il m’a donné était d’apprendre à comprendre ma colère et d’utiliser cette énergie de façon positive et constructive. Il m’a apprit que la colère n’était pas quelque chose dont-on devait avoir honte, ce n’est pas quelque chose de mal, c’est une bonne émotion très puissante. Pour nous, humains, la colère est un peu comme l’essence pour la voiture, sans essence on ne peut pas fonctionner. Nous, sans colère, on ne pourrait pas réaliser certaines choses qu’on aurait fait avec la colère. Comme l’électricité, la colère est tout aussi puissante et utile si on l’utilise de façon intelligente mais, de la même manière, elle devient destructrice si on en abuse. On canalise l’électricité pour l’utiliser pour le bien de l’humanité, nous devons faire la même chose, canaliser la colère et l’utiliser de façon intelligente pour le bien de l’humanité. Il m’a demandé d’écrire un journal de mes colères. Chaque fois que j’étais en colère, plutôt que de réagir, de faire des actions que j’allais sans doute regretter plus tard, il m’a dit : « Tu vas écrire un journal, y noter tes colères avec le but d’à chaque fois trouver une solution à ton problème et tu te forceras à trouver cette solution. » J’ai tenu ce journal pendant des années, et je dois dire que ça m’a beaucoup aidé à canaliser cette énergie, à l’utiliser de façon positive, à faire des actions constructives. Après ce premier apprentissage, à 12 ans j’étais assez turbulent et j’ai décidé de tester Grand-Père. Très occupé, non seulement par la lutte indépendante, il se préoccupait aussi de l’émancipation des femmes en Inde, de l’émancipation des « intouchables », de l’éducation des enfants, il avait mis en place beaucoup de programmes. Le gouvernement britannique ne souhaitait pas participer au financement, il a dû trouver lui-même des voies de financement ; il a décidé de vendre ses autographes pour 4 roupies chacun. Tous les matins, tous les soirs, des centaines de personnes venaient assister au groupe de prières qu’il organisait et ils souhaitaient également un autographe de Gandhi. Ma responsabilité était de voir les personnes qui souhaitaient un autographe, de récupérer leur calepin ainsi que l’argent. Etant son petit fils, je voulais un autographe mais sans payer ! J’ai récupéré un petit cahier sur la pile, je n’avais pas d’argent, après tout, il n’allait pas s’en apercevoir. Lorsqu’il s’agissait du financement, il était très attentif aux détails et quand il a vu mon petit cahier, il a demandé pourquoi il n’y avait pas d’argent avec celui-là ? Je lui ai dis que c’était le mien, il a dit : « Non, pas d’exception ! » Même si c’était son petit fils qui souhaitait un autographe, il allait devoir payer pour l’autographe et il allait devoir gagner de l’argent sans demander à ses parents. Je voulais cet autographe gratuitement ! Et à partir de ce jour là, à chaque fois qu’il était en réunion avec des hommes politiques britanniques ou indiens, je venais dans la salle, lui montrais mon petit carnet d’autographe et lui en demandais un. Je me suis dis, un jour cela va l’énerver, il va se débarrasser de moi en me donnant mon autographe. Mais non, en fait, dès que je faisais trop de bruit, il mettait sa main devant ma bouche, me pressait contre lui et continuait à parler politique. Il ne m’a jamais donné d’autographe et il ne m’a jamais chassé de la salle non plus. Lorsque nous sommes en train de faire quelque chose de très important et que nos enfants viennent nous solliciter. On a tendance à leur dire de sortir tout de suite de la salle, lui ne l’a jamais fait. Quel contrôle ! Une autre leçon signifiante m’a permis de mieux comprendre sa philosophie de la non-violence. Je revenais de l’école avec un petit crayon de papier à la main et je me suis dis qu’il était un peu trop petit. Je souhaitais un autre crayon et espérais que mon Grand-Père allait m’en donner un nouveau, du coup je l’ai jeté. Lorsque je suis allé voir mon Grand-Père pour lui demander un nouveau crayon, il m’a dit : « Pourquoi est-il devenu si petit, pourquoi l’as-tu jeté, où l’as-tu jeté ? » Il m’a posé tout un tas de questions. Je ne comprenais pas trop, jusqu’à ce qu’il me demande de sortir pour aller le récupérer. J’ai du passer 2 heures à le rechercher jusqu’ à ce que je le trouve. Je me suis assis à coté de mon Grand-Père pour qu’il m’apprenne une ou deux leçons très importantes. La première leçon est, que même pour la construction d’un petit objet comme ce crayon, cela nécessite des ressources naturelles. Quand on jette ce crayon, on jette des ressources naturelles, c’est donc un acte de violence envers la nature. La seconde leçon, c’est que dans notre société on a tendance à acheter en gros et on consomme trop ces ressources naturelles. En consommant trop les ressources naturelles, on prive d’autres personnes de les utiliser dans d’autres régions du monde. Des personnes qui vivent dans la pauvreté et ça, c’est un acte de violence contre l’humanité. C’est la première fois que j’ai réalisé qu’à chaque fois qu’on faisait ces petites actions, gaspiller, jeter, on détruisait des ressources naturelles. La violence peut être divisée en deux, la violence physique et la violence passive. Mon Grand-Père m’a demandé : « Chaque soir avant de te coucher, tu vas devoir analyser toutes les expériences que tu as pu vivre dans la journée. Que ce soit des choses que j’ai pu faire à d’autres personnes ou que des personnes ont pu me faire, que ce soit des choses que j’ai pu lire, je devais tout analyser. Je devais savoir si je rencontrais la violence physique ou la violence passive. La violence physique c’est assez facile à comprendre, c’est quelque chose que l’on peut voir : c’est l’usage de la force physique, ce sont tous les actes de violence, les meurtres, les viols, les guerres… ce sont des actes de force physique et de violence physique. La violence passive, en revanche, c’est quelque chose de plus insidieux, plus difficile à définir parce que la violence passive ne nécessite pas l’utilisation de la force physique. Pourtant cette violence touche et fait mal à des personnes de façon consciente ou non. La violence passive peut comprendre bien des choses : la discrimination, l’oppression, la discrimination politique économique et sociale, le gaspillage, les injures… vraiment toute une liste d’actes peuvent être considérés comme de la violence passive. Lorsque je réfléchissais à tout cela, j’étais surpris de voir qu’en quelques mois, je pouvais remplir un mur entier de ma chambre avec des actes de violence passive. Ma liste des actes de violence physique, à un moment, s’est arrêtée, il y a une certaine limite, on ne peut pas aller plus loin. En revanche ma liste de la violence passive ne s’arrêtait jamais, ça continuait. Mon Grand-Père m’a expliqué le lien qui existait entre les deux : On commet des actes de violence passive tous les jours, qu’on en soit conscient ou non. Cela génère de la colère chez les victimes qui ensuite vont se tourner vers la violence physique pour se faire justice. Puisque c’est la violence passive qui génère des actes de violence physique, c’est à nous de comprendre, qu’il faut être le changement que l’on souhaite voir dans le monde, il faut incarner le changement que l’on souhaite voir dans le monde, il faut que l’on commence une introspection, que l’on essaye de réduire notre violence passive. Avant de faire cette introspection, je pensais que je n’étais pas violent parce que je n’utilisais pas la force physique, je n’étais pas en train de me battre. Et d’ailleurs je suis sûr que l’on pense tous la même chose, nous ne sommes pas en train de nous battre physiquement donc nous ne sommes pas des personnes violentes. Vous allez être surpris si vous commencez cette introspection de voir à quel point on peut commettre des actes de violence. Cette introspection est très importante. Vivre dans une civilisation, ça ne veut pas simplement dire être dans un cycle perpétuel, se lever le matin, se coucher le soir et faire tout le temps la même chose. La vie, ça veut dire, qu’on doit grandir, qu’on doit s’élever tous les jours et ce, de façon spirituelle, de façon éthique, d’un point de vue économique… à tout point de vue, on doit essayer de grandir. La seule façon, c’est d’identifier ses faiblesses et voir comment nous pouvons les transformer en points forts. Si nous ne nous changeons pas nous-mêmes, nous ne pouvons pas changer le monde. Si nous ne pouvons pas créer la paix en nous-mêmes, nous ne pouvons pas créer la paix à l’extérieur. Nous devons comprendre cette philosophie, afin de devenir de meilleurs êtres humains. Être civilisé, ne veut pas dire, être riche, avoir un grand compte en banque, avoir une grande maison, une belle voiture et plein d’objets matériels… tout cela n’a aucune valeur dans la civilisation. Ce qui est important dans la civilisation, c’est de comprendre la relation entre les êtres humains, de comprendre comment on peut vivre en harmonie avec les autres, la nature et tous les éléments de la création. Aujourd’hui, à cause de notre mode de vie matérialiste, nous sommes devenu très arrogants. Nous avons développé une culture de violence qui domine tout les aspects de notre vie. Tout est violent dans notre vie, notre langage, nos loisirs, nos sports, nos relations, nos religions, notre façon de faire des affaires... Cette violence constante est en train de détruire notre humanité. Mon Grand-Père à dit que la seule façon pour nous de survivre, c’est de transformer cette culture de violence en culture de non-violence. Cela signifie apprendre à construire de bonnes relations entre-nous. Une relation doit répondre à 4 points particuliers : le respect, la compréhension, l’acceptation et l’appréciation. On doit se respecter nous-mêmes et entre-nous et respecter tout ce qui a été créé. Nous ne sommes pas ici de façon individuelle, nous faisons partie de la création et lorsque nous aurons respecté cela, nous pourrons comprendre qui nous sommes et pourquoi nous sommes ici ? Nous sommes tous ici pour une raison, nous avons tous un but, et ce but n’est pas de faire de l’argent, ce but n’est pas d’avoir une vraie famille, nous sommes ici pour agir pour notre communauté. C’est uniquement lorsque nous aurons compris ce but, que nous pourrons accepter les autres comme des êtres humains sans rester sur une vue superficielle de la vie. Aujourd’hui nous avons beaucoup d’étiquettes pour définir les êtres humains, il y a l’étiquette religieuse, économique, sexuelle. Tout ce qu’on fait, c’est identifier les êtres humains par ces étiquettes et on ne les considère pas comme êtres humains. Chaque fois qu’on établit un mur entre nous-mêmes et notre personne, il y a un potentiel de conflit Chaque étiquette que l’on attache aux autres êtres humains représente un mur entre nous, une distance entre cette personne et notre cœur. Lorsque l’on aura appris à accepter l’autre en tant qu’être humain, on pourra apprécier notre humanité. Grand père disait que la pire chose qui avait pu arriver aux êtres humains, c’est le concept de la nationalité. Cela nous donne l’impression que nous pouvons sauver notre partie du monde, en être fiers, et ne pas se préoccuper du reste ! Mais d’une certaine manière, nous sommes tous connectés et ce qui se produit dans une région du monde va de manière inévitable se produire ou avoir une répercussion dans une autre. On peut en voir les conséquences notamment avec la guerre au Moyen Orient qui apporte des flux massifs de migrants en Europe. On ne peut pas simplement les ignorer, c’est un problème humanitaire et nous devons le considérer comme un problème humanitaire. C’est à nous de créer un monde harmonieux, un monde en paix afin qu’ils puissent eux-mêmes vivre dans leur propre pays. La stabilité et la sécurité d’un pays donné dépend de la stabilité et de la sécurité du monde entier. Toute cette idée d’avoir une grande armée, des armes de destructions massives pour aider une partie du monde ne fonctionne pas. Au cours des derniers siècles, à chaque fois que l’on a utilisé la violence pour résoudre les conflits, on n’a résolu aucun conflit ! Quand on utilise la violence, on se concentre sur la personne et pas sur le problème. On élimine la personne mais le problème persiste. Tant qu’on n’apprendra pas à résoudre le problème, le fait d’éliminer les personnes ne résoudra pas la situation. Ce sont des principes de non-violence que nous devons tous apprendre. Une anecdote que mon Grand-Père adorait et qu’il nous racontait tout le temps : « Il y avait un roi indien qui s’intéressait à la signification de la paix. Il avait invité tous les indiens intellectuels de son royaume pour qu’ils puissent lui expliquer ce qu’était la paix. Tous ont donné la meilleure explication possible mais cela ne l’a pas convaincu. Un jour, le roi a posé sa question à un intellectuel de passage qui venait d’une autre ville, à savoir : qu’elle était la signification de la paix ? Il lui a répondu que la seule personne qui était capable de lui répondre était un vieux sage qui vivait en dehors de son royaume. Cependant, il était tellement vieux qu’il ne pouvait pas se déplacer, c’était au roi d’aller lui rendre visite. Le lendemain, le roi partit voir le sage et lui demanda, quelle était la signification de la paix ? Le sage alla au fond de sa maison, il en revint avec une graine qu’il lui plaça dans la main. Voilà ta réponse, lui dit-il. Bien sûr, le roi ne comprit pas en quoi cette graine de blé allait être la solution à sa question mais il ne voulut pas montrer son ignorance devant le sage. Il prit cette graine, repartit dans son royaume et l’a plaça dans une boite en or. Tous les jours en se levant, il regardait cette graine et rien ne se passait, il ne comprenait pas. Quelques jours plus tard, l’intellectuel revint. Le roi lui demanda des explications : « Tu m’as envoyé voir ce sage, je suis allé le voir, il m’a donné un grain de blé mais je ne vois pas ce que cela a à voir avec ma question ? » L’intellectuel lui a dit : « C’est simple ! Tant que tu gardes cette graine dans cette boite, il ne va rien se passer, elle va finir par pourrir ce sera la fin de l’histoire. » Mais si tu la laisses interagir avec les éléments, si tu la plantes, si tu la laisses pousser, très rapidement, tu pourras avoir un immense champ de blé. C’est la signification de la paix, si quelqu’un a le secret de la signification de la paix mais la garde pour lui, elle va périr. En revanche, si cette personne partage cette paix avec d’autres personnes, la paix va grandir, se propager et le monde entier va prendre cette paix en main. » Je suis venu ici aujourd’hui pour vous donner cette graine de blé que m’a donné Grand-Père et j’espère véritablement que vous n’allez pas la garder pour vous-mêmes, vous n’allez pas la laisser pourrir mais que vous allez, au contraire, la laisser interagir avec les autres éléments.
Propos recueillis lors de la conférence donnée au Grand Rex le 28 septembre 2015, organisée par MyWhole Project (www.mywholeproject.com)