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Hier, une collègue qui travaille aussi dans le monde des réflexes archaïques a posé une question au sein de notre communauté de professionnels des réflexes.
Je l'ai trouvé fort intéressante et c'est pourquoi je partage cet échange avec vous.
A votre avis y aurait-il une incidence sur un ou plusieurs réflexes en cas d'allaitement passé 2/3 ans ?
Ma réponse courte a été la suivante : A mon avis, l'allaitement tardif n'a pas d'incidence (néfaste) sur les réflexes.
Par contre, il peut être le signe d'un ou plusieurs réflexe(s) qui ont du mal à s'intégrer, ça oui. Je l'ai vu de nombreuses fois en séances.
Et pour l'approfondir d'avantage comme on m'en a fait la demande, voilà ce que je peux partager de mon expérience professionnelle.
L'allaitement tardif peut être abordé par (au moins) 3 portes d'entrée :
1- L'allaitement tardif à la demande de l'enfant.
2- L'allaitement tardif selon le souhait du/des parent(s).
3- L'allaitement tardif combinant la demande de l'enfant et le souhait du/des parent(s).
Lors de l'allaitement, plusieurs réflexes archaïques sont en jeu. La succion bien sur. Mais aussi le fouissement, la déglutition... Plus largement, des réflexes comme le RTAC.
Encore plus largement des reflexes en lien avec la sécurité intérieure comme le RPP par exemple, ou encore le réflexe d'attachement.
Et plus largement tous les réflexes en somme car l'allaitement est un moment où le contact physique est facilité. Caresses, tendresse, bisous... Donc forcément, la plupart des réflexes sont sollicités d'une façon ou d'une autre.
Lorsque l'allaitement perdure au delà de ce qui peut être nommé "la norme", il peut évoquer un besoin de l'enfant.
Un besoin du système nerveux de continuer à "s'entrainer", pour finir par intégrer ce réflexe. Car on sait qu'avant que le réflexe puisse être rangé dans son tiroir, il doit s'exercer.
Parfois, ces réflexes rencontrent quelques obstacles à leur bon déroulé et mettent plus de temps à se ranger chez les uns que chez les autres. Et il est bon d'écouter ce rythme.
MAIS parfois ces obstacles sont plus que ça. Ils sont des murs, des boucliers, que le système nerveux a érigé pour se protéger de quelques choses. Et l'enfant aura beau faire, faire, ce mouvement, s'entrainer... Le reflexe aura beau s'exercer, celui-ci ne pourra pas se ranger dans le bon tiroir sans une aide précieuse.
Et lorsque les enfants ont du mal à se "sevrer" (du sein ou de la tétine ou d'autre chose), malgré qu'il soit plutôt l'heure pour eux, il est bon en effet d'écouter leur rythme et de ne pas forcer ce sevrage, mais d'être, en parallèle à l'écoute de ce que nous transmet le corp, le coeur et l'esprit de ce petit être qui ne veut pas se décoller du sein maternel.
Est-ce un besoin purement physique ? Le réflexe demande quelque chose car il en a besoin pour continuer son chemin jusqu'à l'intégration ? Un mouvement, une position...
Est-ce un besoin d'ordre émotionnel (besoin de se rassurer ? besoin de tendresse ? autre...).
Les mamans qui allaitent tardivement que j'ai pu recevoir en consultation sont souvent assez remontées par rapport au fait qu'on puisse les montrer du doigts. Certaines sont des "pro-allaitement tardif" et se montrent au grand jour, genre militantes, je me bats pour faire connaitre et convaincre de faire de l'allaitement tardif.
D'autres ont presque honte que ça se sache et me l'avoue du bout des lèvres en scrutant ma réaction.
Et dans ces deux cas, que je qualifie plutôt d'extrême, jai toujours observé que les mamans elles aussi avaient leur rôle à jouer dans cet allaitement.
Les papas beaucoup moins, il faut l'avouer, même si de plus en plus "soutiennent" leur compagne dans ce choix.
Alors est-ce que les réflexes archaïques ont un rôle à jouer là aussi ?
Une incidence ?
Une cause ?
Une conséquence ?
La plupart des parents qui "militent" pour l'allaitement tardif sont des parents qui ont des besoins non entendus et non répondus.
Des réflexes archaïques encore présents, et qui d'une certaines façon vivent par procuration ce dont ils auraient eu besoin eux aussi en tant que bébé et jeune enfant. Pas forcément un besoin d'allaitement, mais de façon plus générale, une présence, bienveillante, de la tendresse, un genre de "dévouement" du parent, une sécurité exterieure sur laquelle s'appuyer pour construire leur sécurité intérieure.
Et ces besoins, qui sont la plupart du temps non conscients, peuvent se transmettre de génération en génération et arriver sur nos petits par le biais de l'allaitement tardif. C'est comme une remontée, une percée de l'inconscient du parent qui revient à la surface. Le bébé intérieur du parents avec ses besoins non entendus qui s'exprime.
Je sais que je ne vais pas me faire que des amies en partageant cela. Mais après tout, mon but n'est pas ici de me faire des amies, mais plutôt de partager sur ce qu'il m'est offert de voir et d'accompagner en séance, pour un plein épanouissement de toute la famille. Car oui, à la base on vient pour l'enfant, mais on se rend vite compte que les bébés, les enfants ont des choses à exprimer, des besoins non remplis, mais maman aussi, mais papa aussi. Et tout le monde lâche ses dossiers en même temps et tout le monde grandi, et c'est superbe !
Parfois même, dans ces histoires où ce sont les parents qui sont plutôt à la base de l'allaitement tardif, je pense que les neuronnes mirroirs des parents s'activent fortement durant l'allaitement, et que cette procuration dont je parle plus haut, passe par cela. Une guérison du parent qui passe par le fait de voir son enfant. Ca n'est pas "mal" (ni bien d'ailleur). C'est.
Alors est-ce que l'allaitement tardif peut avoir une incidence sur les réflexes ?
Une incidence positive oui, dans certains cas simples. Lorsqu'il s'agit juste d'un petit "retard", d'un petit obstacle sur le chemin. Le fait de leur permettre de prolonger l'allaitement, peut aider certains réflexes à terminer correctement leur intégration.
Une incidence néfaste, pas vraiment, enfin, pas directement, mais la question est fort intéressante et me donne envie de partager avec vous l'histoire de cette dame qui voulait absolument allaiter son enfant et par contre celui-ci avait autre chose à dire.
En tous les cas une chose est sure, l'allaitement tardif peut cacher des réflexes archaïques en mal d'intégration. Demandant un coup de main pour finir leur chemin et installer des bases solides pour la suite.
En tous les cas, faites ce qui vous semble être le plus judicieux. Et garder en tête qu'en tant que parents, on fera des essais et des erreurs, et on recommencera autre chose.
Ce qui est dangereux, ce n'est pas de ne pas tout savoir. Très souvent en séance j'entends les parents me dire "mais on ne savait pas tout ça ! On vient vous voir pour notre 3ème enfant, mais on ne savait pas ça pour les 2 premiers ! On n'a pas bien fait ! Et si on ne savait pas ça, ça veut dire qu'il y a probablement plein d'autres choses importantes qu'on ne sait pas !" et c'est la panique.
Alors je leur rapelle que ce qui à mon sens est dangereux en ce qui concerne les enfants, leur éducation leur développement, leurs émotions, ce n'est pas ne pas tout savoir. C'est de croire que l'on sait.
Car alors on se ferme et on ne se remet pas en question. On ne peut alors pas avoir accès à l'information, même si elle passe sous nos yeux.
Ce qui a souvent été le cas des parents dont je vous ai parlé ci-dessus. Les parents militants, ceux qui martèlent "ça c'est ce qu'il faut faire. Il faut alaiter longtemps, c'est ce qu'il y a de meilleurs".
Quand nos convictions sont tellement fortes qu'elles sont immuables, et que cela soit en rapport à l'allaitement ou à tout autre sujet, c'est plus dangereux, que d'être celui qui ne sait pas, avec son intuition et son coeur grand ouvert. En ayant en conscience que biensur lorsqu'on est parent, il se joue des choses de notre propre enfance.
Qui vont remonter à la surface et se poser devant nous pour qu'on vienne les regarder, les accueillir.
Je vous laisse sur ces quelques mots.
Beau chemin à vous et à vos enfants.
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