Je vous aime.
- Sabrina Guigou
- 20 août 2022
- 3 min de lecture

Je sors de mes consultations du matin et je repense à ce que me partageait une femme que j'ai rencontré il y a quelques jours. Elle est "institutrice" dans une école alternative. Elle me parlait de l'amour qu'elle avait pour les enfants et que les enfants leur offraient aussi à elle et sa collègue. Cette connexion de coeur à coeur qui se faisait. Les enfants qui venaient leur dire "je t'aime", et elles qui...
Et j'ai senti comme si elle voulait se rattraper. Elle allait surement dire quelques chose du genre "et nous aussi on leur dit". Mais j'ai senti comme est venu la freiner dans ce beau partage, ce poids au sujet de l'amour.
Comme si elle était encore tenue par d'anciens diktats sous entendus : "en tant que maitresse on n'est pas censé avoir ce genre de relation d'amour avec les enfants ! Mais où est la limite mon dieu ! C'est pas bien !"
Et j'ai ressenti toute l'ampleur du problème. Associer à l'amour les gestes déplacés et déviants, le manque de limites... L'amour et le sexe peuvent savamment se marier. Mais l'amour n'est pas déviant. Ce qui créer des déviances sexuelles ce n'est pas l'amour, c'est le manque d'amour. Il est important de travailler sur ses manques, ceux du passé, qui s'expriment au présent, pour ne pas dévier en pensant que l'on aime. Mais il est tout aussi important d'oser aimer. D'oser le ressentir, le partager, le dire.
L'amour, c'est tout ce dont les enfants ont besoin justement. Et s'ils l'expriment à leur maitresse c'est qu'ils se sentent bien, en sécurité. Et c'est ce que l'on devrait trouver dans toutes les écoles. L'amour et la sécurité. Terreau primordial pour entrer dans les apprentissages. Qu'ils soient scolaires, ou apprentissages de la Vie tout simplement.
Et mes séances de ce matin m'ont ramené à cet échange que l'on a eu. Car je me suis sentie toute amour en sortant de mon cabinet. La fréquence de l'amour vibre haut, c'est une fréquence haute de celles qui guérissent. Comme la gratitude. Et s'il y a bien une chose dont tout le monde a besoin et à fortiori les personnes qui entrent dans un cabinet pour se faire accompagner sur un bout de chemin, c'est bien d'amour.
Alors, je me suis mise à la place de cette instit qui a eu un brin de recul lorsqu'elle me partageait aimer ses élèves.
Est ce que je peux dire, moi, sans avoir honte, que j'aime mes clients ? C'est vrai que c'est un peu dure, ça ne sort pas de façon fluide. Une part de moi crie OUI, mais une autre lui susurre à l'oreille : oui ok mais ne le dit pas... on va nous juger... c'est pas bien...
Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment le terme "amour" a pu être galvaudé à ce point ? L'amour c'est la force de vie.
Avec ça il est facile de comprendre pourquoi l'humanité en est là...
Et vous savez quoi, là encore il y a un lien certain avec l'Ancrage. (Tient voilà que je lui mets même une majuscule aujourd'hui !) Car le manque d'ancrage c'est lorsque pour une raison ou une autre, on a éjecté des bouts de nous. On a appris à les désaimer, à les rejeter car ils ont été, pour de vrai ou seulement dans nos croyances, à l'origine de souffrances. Si on ne s'aime pas complètement, comment peut on se brancher à l'amour et guérir ? Comment peut on aimer sans dévier ? (et la déviation ce n'est pas seulement les abus sexuels hein ! c'est aussi l'amour sous condition, le chantage affectif, le besoin de combler un vide chez soi...)
Alors, si on commençait à s'aimer soi-même ? Pour pouvoir rayonner cela et inviter nos voisins à s'aimer aussi. Et pouvoir aimer nos enfants, aimer nos clients, nos patients, nos élèves, nos animaux ?
Je pense que je vais créer une cohorte spéciale à mon Parcours Ancrage, pour les professionnels de l'enfance et ceux de l'accompagnement. Le monde a besoin d'amour.
Je vous aime.
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