top of page

Retour à l'enfance

Photo du rédacteur: Sabrina GuigouSabrina Guigou

Dernière mise à jour : 20 août 2022

Le dimanche midi en famille a rythmé mon enfance.

Nous allions manger chez mes grands-parents très régulièrement le dimanche.

Je m’ennuyais fortement à table mais surtout, déjà très sensible, je sentais les tensions existantes entre chacun. Ce que je sais maintenant c'est que je sentais le manque d’amour.

Je savais, par l’intermédiaire de mon corps, qui était authentique, qui mentait, qui manipulait, qui jugeait, et je ressentais la toxicité de ces façons d’être, au creux de moi-même.

Dur de rester à table sans bouger dans de telles conditions.

Aussi, lorsque le plat principal était terminé et qu’on m’invitait à quitter la table pour jouer en attendant le dessert, je me hâtais de disparaître.

Et ce que je préférais faire à ce moment-là c'était : me glisser sous la table…


Là, assise en tailleur sur le tapis beige impeccable, j’étais soulagée.

Je pouvais ressentir avec un peu plus de distance, la dissonance, le déséquilibre, la fracture des liens d’amour entre les différents protagonistes de notre grande tablée.

Que l'on soit bien clair, je parle de l'énergie d'Amour, l'énergie de Vie qui passe et repasse à travers TOUT, qui nous inonde. Les gens de cette tablé vous diraient sûrement qu'ils s'aimaient...


Pour ma part c'était souffrant, car à la place de l’Amour, de la complicité, du partage et de l’affection pour lesquelles mon cœur était programmé, je devais baigner dans la dualité, les jeux de pouvoir, la manipulation et le jugement…

Tout ceci m'oppressait, me coupait l’appétit, me provoquait colère, dégout, tristesse, peur et impuissance.

Ainsi donc au sein d’une même famille il pouvait exister autant de résistance à l'Amour ?

Pour ma grande sensibilité, tout cela était perçu comme d’une grande toxicité. Comme si l'être que j'étais, dont le terreau le plus favorable était l'amour, s'empoisonnait à petit feu...


Je portais en moi la capacité innée de sentir les barrages à cette énergie d’Amour.

Mais je n’avais pas encore toutes les billes pour pouvoir rétablir ces connexions.

A table, en surface il m’était impossible de dire aux uns d’arrêter de diminuer les autres pour se sentir fort.

Impossible de dire aux autres qu’ils avaient le droit de prendre cette place car eux aussi étaient “aimables”.

Vous imaginez bien...


Alors tout se jouait sous la table.

Là je me sentais puissante.

Je pouvais reconnecter ces liens cassés, à travers lesquels l’amour ne pouvait plus circuler.

Comment je faisais ?

Je nouais les lacets !


Ah comme ça me faisait du bien...

Cela donnait naissance à ce drôle de 6ème sens.

Un genre de synesthésie complexe qui me faisait du bien.

Un savant mélange entre la vue, le goût, l’odorat et le toucher.

C'est ce qui se passait quand je me retrouvais seule dans mon lit le soir et que toute la journée défilait devant moi... Comme si mon âme repassait tous les moments difficiles pour les "nettoyer", alors, au fur et à mesure, ce drôle de 6ème sens s'installait... Et je retrouvais le calme à l'intérieur. Comme si mon corps s'apaisait, et que par effet cascade, ma tête et mon coeur aussi...

C'est cela que je cherchais en nouant les lacets.


Alors sous la table, après un temps de calme, j’observais les pieds de tout le monde…

Et guidée par ce drôle de 6ème sens, je me dirigeais spontanément vers les chaussures qui avaient besoin de reconnexion. Je dénouais les lacets pour pouvoir attacher entre elles les chaussures qui en avaient le besoin, pour recréer du lien.

Ce fameux lien qui permettrait à l’amour de circuler de nouveau librement.

Allez hop ! La chaussure gauche de tonton avec la chaussure droite de mamie !

Hélas, parfois les chaussures étaient trop éloignées les unes des autres pour pouvoir être attachées entre elles. Parfois encore les lacets étaient serrés en double-nœud pas prêts du tout à fonctionner autrement…

D'autres encore n’avaient même pas de lacets...


Autant vous dire que j’avais du travail !

Je transformais grâce aux lacets, le jugement, les menaces, les jeux de pouvoir et la division, en amour, en complicité, en partage, et en affection !


J’avais beau n’avoir que 6 ans, je percevais déjà tout ça… Sans le comprendre intellectuellement, c’était spontané et ça s’inscrivait dans mon corps.

J’étais un genre de baromètre vivant. Mesurant le taux d’amour dans le lieu ou j’étais.

Provoquant un malaise lorsque ce taux passait sous la “limite autorisée”...

M’obligeant à construire un lien pour retrouver mon équilibre.


Voilà donc d’où je pars, voilà donc qui je suis, voilà donc ce que je viens faire ici, voilà comment je travaille.

Je fais du lien. Je connecte.

Je suis médium, trait d’union, intermédiaire.

Je suis traductrice, je suis médiatrice.

Je tisse des liens, je fabrique des ponts, j'ouvre des passages.

J’ai la facilité de sentir et de voir aisément là où l’amour ne peut pas passer.

Et ce qui manque ou ce qu’il y a en trop pour que l’amour puisse de nouveau circuler.


 
 
 

Kommentare


© 2022 by Sabrina Guigou. Créé avec beaucoup d'amour, de conscience & de patience.

bottom of page