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Tout un monde dans votre enfant : partie 1





Il y a presque 5 ans maintenant que j'ai pu me dire pour la première fois, que le monde intérieur des enfants était très riche.

Ce n'est pas qu'avant ça je n'y croyais pas, mais je ne m'étais jamais posé la question !

C'est en devenant traductrice de bébés que ce monde s'est ouvert à moi.


Tout d'abord en croyant sur parole ma formatrice, qui nous enseignait alors que le monde des émotions des tout petits étaient déjà immense, avant même qu'on ai pu les porter dans nos bras.

Puis, par la suite, grâce à tous ces bébés qui ont bien voulu me confier leurs sentiments.

J'ai pu tâter l'immensité de leur coeur, la vivacité et la force avec laquelle ils vivaient déjà leurs émotions dès les premières semaines qui suivaient leur conception. (Et pendant ce temps, j'accueillais des parents qui doutaient encore qu'il y ai seulement une conscience à habiter leur bébé in utéro :) ah ce fameux décalage, décidémenent je crois que je le sentirai toute ma vie ! )


C'est aussi au fur et à mesure de mes possibles que je pouvais toucher du bout des sensations tout leur monde intérieur. En effet, plus je m'ouvrais à ce champ des possibles et plus il m'était offert de le regarder en face et d'en voir toute la grandeur.

Et bien entendu, plus j'ai accepté de regarder la petite fille à l'intérieur de mon coeur, plus j'ai été capable d'accompagner ses propres émotions refoulées, et plus j'ai été capable de voir, de sentir, et d'accompagner celles de mes clients. Petits et grands. Car les émotions des tout petits qui n'auront pas trouvé de sortie bienveillante restent accrochées à un bout de coeur de grand, en berne, en burn out, en non réalisation, en perdition...


C'est avec 4 ans derrière moi de traductions de bébés et de plus grands que j'ai abordé la rentrée de l'école de mon plus grand fils. C'était il y a plus d'un an.

Je suis très heureuse aujourd'hui, en regardant ce qu'il devient, que l'on ai pu faire tous ces arrangements pour lui faciliter cette étape qui n'a pas été super facile.

Pouvoir le mettre à l'école le matin seulement, et ne pas l'y renvoyer le mercredi pour qu'il puisse continuer de passer du bon temps avec nous ses parents, mais aussi avec ses mamies.


L'école ça n'a jamais été facile pour moi. Je veux dire, déjà toute petite parce que j'avais de grosses angoisses à y aller. Parce qu'à cette époque l'accompagnement bienveillant et la CNV ne fesait pas grand bruit auprès de nos parents et enseignants... Parce que mon début de vie avait été très difficile mais que personne alors ne fesait le lien entre celui-ci et mes difficultés à aller à l'école, à me séparer de ma mère, à avoir peur d'aller à la cantine.

Mes spécificités (hypersensible, haut potentiel...) n'étaient pas mise en lumière comme on peut le faire aujourd'hui. Ou alors si, mais pas pour en faire une force et s'y adapter mais plutôt pour les montrer du doigt comme des défauts et me donner l'injonction de les changer. Déjà à 4 ans j'étais "trop sensible". Je ne supportais pas le bruit, la séparation, la foule, les changements. J'étais en état de stress post traumatique depuis le début de ma vie mais personne ne le savait...

Bref, c'est comme ça que j'ai commencé l'école, c'est comme ça que j'ai poursuivi aussi, parce qu'après les différents traumatismes de la maternelle (cantine, récréations, siestes), sont venus les symptômes psychosomatiques du collège où j'ai loupé de nombreuses semaines de cours pour des maux de ventre intenses qui ne trouvaient pas d'explications physiques chez les médecins visités. Puis sont venus les crises d'angoisses du lycée, agoraphobie et autres paniques diverses et variées que je m'appliquais bien à cacher me souvenant depuis ma plus tendre enfance qu'il ne fallait pas se montrer "vulnérable". Qu'il fallait être forte. Ne pas pleurer, et arrêter ces sensibleries.


BREF ! Vous imaginez bien que lorsque j'ai dû emmener mon fils à l'école pour la première fois, mon coeur n'était pas tout léger ! :)

Rempli de toutes mes peurs et projections, espérant qu'il ne vivrait pas le même calvaire que moi.

Et cette rentrée scolaire a pu me faire travailler sur de nouveaux points laissés un peu à l'abandon. Ben oui, quand on est traductrice de sagesse intérieure, c'est très souvent que l'on remet sa propre vie de bébé ou d'enfant sur le tapis. Se servant des miroirs que la vie nous offre pour mettre en lumière un sujet qui demande à être accompagné... Et pour moi l'école, c'était un sujet riiiiiche à ouvrir :)


Je me souviens du 2è jour d'école l'année dernière. Alors que j'étais dans la classe avec mon fils pour l'accompagner quelques minutes à prendre ses marques, j'ai entendu l'ATSEM parler à un "grand" qui pleurait. Je met "grand" entre guillemet parce que bon, il avait 5 ans quoi. Mais comme c'était un élève de "grande sectin" il n'avait visiblement pas le droit de pleurer lui. Je me suis d'ailleurs aperçu quelques semaines plus tard que c'était pareil pour les petits en fait... Hum... Eux non plus n'avaient visiblement pas le droit de pleurer, en tous les cas plus après que la première semaine de rentrée soit passée.

Donc voici ce que j'ai entendu. Ou plutôt ce que NOUS avons entendu mon fils de 3 ans et moi.

"Ben tu vois, en pleurant tu fais pleurer ta maman, tu n'es pas gentil, arrêtes de pleurer."

GLOUPS... ça ne me mettait pas bien en sécurité pour laisser mon fils tout ça... Bon, je relativise, sa maitresse avait l'air très gentille, accueillante, et patiente. La directrice compréhensive et disponible. C'est un bon début.

J'ai regardé mon fils dans les yeux, j'ai parlé à voix haute pour que l'ATSEM m'entende : "Chéri, je vais devoir partir au travail, je reviens te chercher ce midi, si tu as besoin de pleurer alors pleures et va voir la maitresse qui te fera un câlin si tu en as besoin. Tu as le droit de pleurer."

"Est ce que ça va te faire pleurer maman si je pleure ?" m'a répondu mon fils...

"Je ne sais pas. Peut-être oui. Mais ça c'est mon affaire. Si ça me rend triste de te voir pleurer c'est moi que ça regarde, tu n'as pas a t'en occuper. Vis tes émotions mon chéri."

Je suis parti, il a pleuré, je me suis retournée, nos regards embués se sont croisés et je lui ai souris.


Cette année, deuxième rentrée pour mon fils qui aborde la moyenne section du haut de ses 4 ans. Je vois bien qu'il est mieux dans son coeur pour aborder l'école. Je vois bien que ça a payé toute cette année à accueillir ses émotions, à l'aider à les mettres en mots, à les ressentir, à les décrire, à lui dire qu'elles étaient là et qu'elles avaient toute leur place. Ou plutôt même, pas à lui "dire" non, juste à faire comme si c'était normal. Parce que c'est normal...

Mon fils va à l'école de bonne humeur, il y va toute la journée, je suis si fière et heureuse depuis quelques semaines que la rentrée est passée.


Pour moi par contre, l'école c'est toujours le même parcours du combattant.... :) Ma haute sensibilité reprochée à l'époque, qui m'aide aujourd'hui à accompagner tous ceux qui passent la porte de mon cabinet, me dé-sert souvent lorsque je rentre dans l'école... J'ai du mal à être imperméable aux pleurs de tous ces enfants... Ces enfants paniqués à l'idée de quitter leur maman, ces enfants qui ont peur de se faire bousculer par les autres, ces enfants dont les milles émotions intenses ne sont pas acceuillies mais sont même plutôt chassées... Bouh... Souvent je prends le temps pour leur donner un sourire, leur dire un mot gentil, qui rassure...

Mon côté sauveur n'est plus là à vouloir tous les sauver de cette écollllllleeee si hoooorrrriiible pour les enfants. Mais ma sensibilité et mon métier font que ressens et je sais ce qui se passe pour eux et je ne peux pas rester de marbre...


Parfois j'aimerai pouvoir dire à leurs parents ou aux maitresses, le métier que je fais et comment ça pourrait aider tous ces petios de se sentir enfin écoutés, entendus et compris... Et comment nous pourrions trouver ensemble des solutions adaptées à leurs besoins, pour leur bien-être en premier lieu mais aussi du coup pour le bien-être de la classe entière et des professionnels.

Mais je n'ose pas... Pas encore tout au moins... Ce sujet semble peser une tonne quand je le regarde. Je ne sais pas comment m'y prendre sans être maladroite. J'ai peur de blesser les égos des uns, de me sentir rejetter des autres, et alors que je souhaiterai tellement bien faire, j'ai la quasi certitude que l'on va me préter des intentions qui ne sont pas les miennes et je crains de ne pas me faire bien recevoir... J'y travaille...


La semaine dernière j'ai entendu ces mots, qui m'ont choqué. Qui choqueraient beaucoup de monde je crois. Qui m'ont choqué car je sais l'impact qu'ils peuvent avoir sur un enfant. Et je voyais déjà l'impact qu'ils pouvaient porter jusqu'à la vie adulte de cette petite fille en pleurs...

C'est une petiote de la classe de mon fils. Elle ne parle pas bien le français. C'est la première année qu'elle vient à l'école. Elle pleure énormément tous les matins, mais aussi tous les midis quand il faut qu'elle revienne après la pause déjeuner...

Et comme ça fait déjà 3 semaines que la rentrée est passée (faut pas déconner hein!!) les adultes commencent à perdre patience, commencent à en avoir marre de devoir la consoler tous les jours. La semaine dernière alors que je me dirigeais vers la sortie après avoir redéposé mon petit loup dans sa classe pour son temps calme, je croisais cette petiote qui arrivait, donnant pour une fois la main à sa maman. D'habitude c'était son papy qui l'accompagnait. Et la directrice de lui dire "ben dis donc M****, si tu pleures même quand maman vient, maman ne viendra plus...!!"

J'ai failli me retourner et lui dire "mais qu'est-ce que vous en savez ? Vous avez demandé à sa maman si elle ne viendra plus en cas de pleurs ?"

Et la maman qui ne dit rien... Probablement génée de voir que sa fille et ses pleurs embétaient la directrice. Presque honteuse d'avoir une petite fille qui pleure encore 3 semaines après la rentrée...

Madame vous n'avez pas à avoir honte ! Ce sont les autres qui devraient avoir honte ! Et ce n'est pas parce qu'ils sont en position de force qu'ils ont tous les droits !

Il est temps que tout cela change.

Non vous n'avez pas à être embêtée pour eux. Vous avez le droit d'avoir le coeur en berne de voir votre petite pleurer mais vous ne leur devez aucune excuse. Et votre fille a le droit de pleurer, de pleurer sa peur, sa tristesse, son impuissance, elle a des émotions, et c'est TRES BIEN.

C'est à l'école et à ses professionnels d'apprendre à gérer les émotions. A commencer par les leurs, celle des directeurs, celles des enseignants, celles de tous les professionnels de la petite enfance. Car comment penser une seule seconde pouvoir travailler en présence d'enfants si soit même on n'est pas au clair avec ses propres émotions ?

Un enfant est en apprentissage pour gérer tout ça, et il a besoin d'une aide bienveillante pour l'aiguiller. Sur la bonne piste de préférence ! Nos enfants ont besoin qu'on leur dise que leurs émotions c'est leur boussole intérieure et qu'ils doivent en prendre soin, les écouter, les nommer, les accueillir, leur donner tout droit d'être là.

Alors non vous n'avez pas le droit vous adultes de référence, de leur faire comprendre que leurs emotions doivent s'eteindre pour le confort des grands.

Nous les grands nous n'avons pas le droit de minimiser le monde interieur des enfants. Nous nous devons de travailler sur notre propre monde interieur pour pouvoir mieux nous occuper de ceux des petits de qui nous sommes responsables.


Lorsque je vois que dès la maternelle dans certaines classes il existe des systèmes de notation, qui pénalisent certains enfant de 3 ou 4 ans pour les plus jeunes, en les montrant du doigt "bouh toi t'as pas su rester assis sur ta chaise c'est pas bien".

Mais messieurs dames, professionnels de l'école, avant de rentrer dans les apprentissages, les enfants ont besoin comme nous tous de sécurité. Pour être disponibles.

Et pour cela, ils ont besoin que leurs émotions soient entendues et accueillies.

Les apprentissages ce n'est pas seulement la lecture, l'ecriture, la concentration, les multiplications. C'est aussi pouvoir entendre et appliquer des consignes comme de rester assis sans bouger, d'entourer et non pas de barrer.

Dès la maternelle il est question d'apprentissages. Donc dès la maternelle il serait bon de créer ce climat de sécurité primordial pour permettre aux enfants d'entrer dans leurs apprentissages.

Et puisque c'est vous les grands qui décidez qu'ils doivent rentrer dans les apprentissages, c'est à vous aussi de mettre à leur disposition le terreau nécessaire pour que ces apprentissages puissent se faire.

Quand vous avez le trac vous, ça ne vous arrive pas de dire ou faire des trucs de travers ?

Si ! Et est-ce que le meilleur moyen pour que ça n'arrive plus ce serait de mettre cette erreur en évidence pour vous fiche suffisament la honte pour que vous n'ayez pas envie de recommencer ? Ou bien de changer la façon dont on vous a reçu, changer les conditions, le terrain, l'environnement pour que vous puissiez trouver la paix à l'intérieur et aborder les choses différemment la fois prochaine ?


A bientôt pour les prochains pas à mettre en place dans nos écoles...



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